Une parole européenne en France/Une gauche alternative en Europe

Publié le par Marie-Christine Vergiat

Mon interview à La Marseillaise du 16 juillet 2009, propos recueillis par Christian Digne:

La Marseillaise
: Une fois encore, l’élection du président du Parlement européen a donné lieu à des tractations entre la droite et le groupe socialiste. Comment jugez-vous l’élection de Jerzy Buzec ?

Marie-Christine Vergiat : Malgré les discours prononcés pendant la campagne électorale sur le thème « plus à gauche que moi... » et de l’Europe sociale, j’ai le sentiment que l’on est reparti sur les mêmes bases de cogestion que dans les législatures précédents. Nous avons assisté aux mêmes manoeuvres politiciennes sur la répartition des postes au sein du Parlement européen. C’est d’autant plus grave que le candidat du Parti populaire européen, Jerzy Buzec est un conservateur bon teint. Ainsi, au Parlement, avant son élection, il a fait campagne en rappelant qu’en Pologne, il avait fait fermer 22 mines, qu’il était favorable aux privatisations pour injecter de l’argent dans l’économie. En revanche, il ne s’est pas vanté des piètres résultats de la Pologne en matière de chômage.

La Marseillaise : Le groupe de la Gauche unie européenne (GUE), auquel vous appartenez, a présenté une candidate la Suédoise Eva-Britt Svensson qui a obtenu 89 voix. Beaucoup plus que les 32 membres de la GUE. Comment appréciez-vous ce résultat ?

Marie-Christine Vergiat : Il est encourageant. Féministe, écologiste, Eva-Britt Svensson était une excellente candidate qui a su incarner une candidature alternative. Elle a rassemblé sur son nom des euro-députés opposés à cette cogestion. La GUE n’avait jamais obtenu pareil résultat.

La Marseillaise : Quelles sont vos premières impressions d’euro-députée, élue dans la circonscription sud-est ?

Marie-Christine Vergiat : Difficile en si peu de temps de se faire une opinion arrêtée. Mais dans cette ambiance feutrée, je perçois un côté surréaliste, loin des attentes des citoyens. Il n’est pas étonnant qu’ils s’intéressent peu à la vie du Parlement.

La Marseillaise : Pour votre premier mandat, vous avez été chargé de coordonner l’activité de la délégation française de la GUE. Comment considérez-vous votre rôle ?

Marie-Christine Vergiat : Avec beaucoup de sérieux et d’ambition. C’est pour moi un véritable défi de prendre la succession de Francis Wurtz. Après les Allemands, nous sommes la deuxième délégation dans le groupe et notre poids politique est non négligeable. Je souhaite, avec mes collègues du Front de Gauche, porter en France une parole européenne et contribuer à la construction d’une gauche alternative en Europe. Je sais, d’ailleurs, que nous sommes observés avec beaucoup d’intérêt dans les autres pays.

La Marseillaise : Lors de votre élection, vous avez défendu l’idée d’une démocratie délibérative. Comment la mettre en couvre ?

Marie-Christine Vergiat : Si nous voulons lutter contre l’abstention et faire vivre l’idée européenne comme l’a esquissée la campagne du Front de Gauche, c’est indispensable. Je veux contribuer à construire des réseaux de citoyenneté, à organiser de nombreux débats dans les villes de la circonscription du sud-est. Nous le ferons avec ceux qui ont été candidats, mais aussi avec les militants, les acteurs du mouvement syndical et associatif.

La Marseillaise : Sur quels dossiers travaillerez-vous au Parlement ?

Marie-Christine Vergiat : Le maître mot de mon activité sera solidarité. Au singulier comme au pluriel. Entre les peuples européens, les territoires. Mais aussi au plan mondial. Cela fait beaucoup de travail en perspective.
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