Chronique d'une Eurodéputée N°1

Curieuse impression que l'arrivée à Strasbourg dans cet immense hémicycle de 738 places pour une nouvelle eurodéputée, avant tout militante associative et sans aucune expérience parlementaire. 50  % de nouveaux député(e)s à chaque élection et c'est aux anciens d'expliquer le fonctionnement de cette énorme machine où les représentants des 27 pays membres parlent 22 langues.

 

L'ambiance est feutrée. Commission et Conseil des ministres siègent sur les mêmes bancs que les députés et occupent l'extrême droite de l'hémicycle pour la première et l'extrême gauche pour la seconde. Les uns et les autres circulent librement dans les travées parlementaires tout comme les collaborateurs des groupes contrairement à ce qui se passe au Parlement français.

 

La démocratie est soigneusement encadrée : les parlementaires interviennent pour des temps strictement délimités de 1 à 3 minutes maximum. Aucun débat contradictoire n'est possible y compris pour les discussions sur les articles et amendements. Ceci paraît un peu surréaliste à la femme de gauche que je suis qui veut agir pour une Europe plus démocratique et considère que cela passe par le débat d'idées. Les nouveaux se demandent donc comment défendre leurs valeurs dans de telles conditions.

 

Le premier vote, celui de l'élection du Président du Parlement, semble assez surréaliste pour ceux et celles qui, comme moi, sortent d'une campagne électorale au cours de laquelle droite et gauche semblaient bien séparées : la seconde dénonçant les politiques conduites par la première. Un accord a été négocié entre les principaux groupes du  Parlement européens (PPE, socialistes, Verts et libéraux). La gauche unitaire européenne/ gauche verte nordique (GUE/NGL), groupe dans lequel je siège et qui ne compte que 35 membres, décide donc de présenter une candidate pour ouvrir le débat. Notre collègue Eva-Britt Swensson recueille 89 voix. Un certain nombre de députés socialistes et verts ont donc refusé de voter pour l'ultralibéral candidat du PPE, monsieur Busek, ancien Premier ministre polonais qui a, à son actif, entre autres, la fermeture d'une vingtaine de mines dans son pays, vante les mérites des privatisations, fait le lien direct entre immigration et délinquance et ne dit mot des droits sociaux:

 

Les débats sur le bilan de la Présidence tchèque et sur les perspectives de la Présidence suédoise donne aussi à la GUE/NGL l'occasion de réaffirmer son opposition au traité de Lisbonne et l'insuffisance du plan de relance européenne qui ne contient aucune mesure sociale.

 

Il ne me reste qu'à espérer que les débats dans les commissions dans lesquelles je vais siéger (Libertés et Culture et éducation) seront plus constructifs.

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