Jumelage : un outil citoyen d'échange culturel

Publié le par Marie-Christine Vergiat

Je partage avec vous le contenu de mon intervention sur le lien entre citoyenneté et jumelage à l'occasion de la visite au Parlement européen de comités de jumelage de la Grande Thierache le 6 octobre 2010.

Le jumelage est une tradition ancienne de l'Europe antérieure à la construction européenne elle-même. Il procède d'une même idée, celle que j'appellerai volontiers une culture de paix après les horreurs de la seconde guerre mondiale. Ce n'est pas un hasard si  les jumelages se sont d'abord développés entre la France et l'Allemagne, tout comme la France et l'Allemagne ont longtemps été - et sont encore malgré quelques tentions récurrentes- le moteur de la construction européenne.
 Tout comme l'Europe s'est élargie, les jumelages se sont multipliés à travers toute l'Europe. Si mes informations sont exactes, 4 000 communes françaises sont jumelées avec 6 000 communes d'autres Etats de l'Union.
Et de plus en plus de jumelages se multiplient hors des frontières de l'UE et même hors des frontières de l'Europe, et je m'en félicite car les échanges et notamment les échanges culturels sont de formidables outils de connaissance de l'autre, et outils faciles de compréhension pour éviter les peurs vis à vis de ceux que nous ne connaissons pas ou mal.
 Il est donc assez naturel que l'UE s'intéresse à ce que vous faites et souhaite développer des actions de ce type car la libre circulation des hommes et des femmes a autant, ou doit avoir autant, d'importance que la libre circulation des marchandises, des capitaux ou des services. Malheureusement, là, nous avons encore quelques progrès à faire y compris parce que la Commission n'assure pas la même vigilance en matière de droits fondamentaux et de libertés publiques.
 Et sans vouloir ouvrir de polémiques inutiles, c'est justement là dessus qu'est en train de se jouer la procédure d'infraction lancée par la Commission vis à vis de la France par rapport à la libre circulation des Roms. Mais tel n'est pas le sujet principal.
Les organisateurs m'ont demandé aussi de parler de citoyenneté. Je suppose que nombre d'entre vous sont des citoyens actifs, beaucoup devant être des militants associatifs, des hommes et des femmes qui prennent de leur temps personnel pour agir dans leur ville, dans leur cité en souhaitant que le maximum de ceux et de celles qui vivent dans la même ville qu'eux fassent de même, au moins de temps à autre.
 Vous devez vous dire mais où veut-elle en venir?
 C'est une façon d'attirer votre attention sur le fait que du point de vue de la citoyenneté, l'Europe est encore bien timide, assimilant citoyenneté et nationalité, citoyenneté et droit de vote. Ce qui se passe autour des jumelages est plutôt une exception vis à vis de cette conception étroite de la citoyenneté, la limitant à la citoyenneté politique. J'ai été frappé en regardant les bilans faits avec vos structures nationales et européennes dans lesquels on recommande d'aller de l'avant afin d'agir pour une démocratie plus participative.
 L'UE y contribue mais je pense que si nous voulons réconcilier les citoyens et plus largement tous ceux et celles qui vivent et travaillent au sein de l'Union européenne avec l'idée européenne, il va falloir aller encore plus loin car il faut dépasser les peurs, montrer l'image d'une Europe plus ouverte, riche de sa diversité, culturelle, une Europe qui n'impose pas son modèle. D'ailleurs existe-t-il un modèle, ou plus exactement qu'est-ce cela représente ? Les jumelages sont un outil essentiel sur ces questions. Je souhaite que nous puissions en débattre.

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