Mon intervention en plénière lors du débat sur les violations des droits de l'Homme en Tunisie

Publié le par Marie-Christine Vergiat

Intervention de Marie - Christine Vergiat

Députée européenne

Coordinatrice de la Délégation française "Front de gauche"

Responsable de la sous-commission "droits de l'Homme" pour la GUE/NGL

 

Débat sur la Tunisie

PE - 21 janvier 2010, Strasbourg

 

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs, cher(e)s collègues,

 

Moi, je me félicite de l'organisation de ce débat sur la situation des droits de l'homme en Tunisie. La Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique y a largement contribué mais je regrette que ce débat n'ait pas été accompagné du vote d'une résolution. Seules les paroles passent, les écrits restent.

 

Plus ancien partenaire de l'Union européenne, la Tunisie reçoit les aides les plus importantes, par tête d'habitant, parmi les pays du Sud. Il est un acteur zélé de la mise en place de la zone de libre-échange sur le pourtour méditerranéen, à tel point que ses dirigeants commencent à réclamer leurs dividendes et à demander à bénéficier d'un statut avancé.

 

Je partage totalement les propos d'Hélène Flautre et l'effarement face à certains propos. Les accords de partenariat de l'Union comportent désormais des clauses relatives à la démocratie et aux droits de l'homme. Celles-ci doivent être examinées avec la même vigilance que les clauses économiques. Or, le rapport de la Commission sur la mise en œuvre de la politique de voisinage avec la Tunisie qui nous a été remis en Délégation Maghreb fin décembre ne peut nous satisfaire car la réalité de ce qui se passe là bas est de plus en plus insupportable et nous ne pouvons continuer à accepter le comportement des autorités tunisiennes.

 

Le 25 octobre dernier, M. Ben Ali a été réélu pour son cinquième mandat, avec plus de 89 % des voix, un score exemplaire de la situation de ce pays où la démocratie est totalement verrouillée, où les défenseurs des droits de l'Homme, les magistrats, les avocats, les journalistes, bref tous ceux qui osent ne pas soutenir le régime sont harcelés, emprisonnés et même torturés pour certains d'entre eux. Depuis septembre dernier, c'est une véritable dérive policière et répressive du régime qui est en cours.  

 

Le cas de Taoufik ben Brik, jugé samedi est exemplaire mais l'on pourrait aussi parler:

- des journalistes Zouaïer Maklouf et Fahem Boukadous, condamnés, l'un pour avoir parlé des conditions environnementales de la zone industrielle de Nabeuf et l'autre de la répression des  manifestations pacifiques des ouvriers de la région minière de Gafsa Redeyef;

- des défenseurs des droits de l'homme comme Kamel Jendoubi, Sihem Bensedrine, Sana ben Achour, Khemais Chammari, victimes d'une campagne de presse honteuse et accusés (on pourrait en rire si ce n'était pas aussi dramatique) d'intelligence avec les services secrets israéliens et les agences d'espionnage européennes, et de complot contre la résistance palestinienne et les Etats arabes;

- de Sadok Chourou qui croupit en prison depuis plus de seize ans;

- de Raddia Nasraoui, victime d'entrave permanente à l'exercice de sa profession d'avocate;

- des étudiants arrêtés début novembre et arbitrairement condamnés comme tant d'autres;

- des retraits et non renouvellement de passeports ou des interdictions de sortie du territoire, autant de freins à la liberté de circulation;

- ou encore des interdictions de réunions, du contrôle des visiteurs infligées aux rares associations indépendantes du régime y compris, fait nouveau des associations féminines et je pourrais encore allonger cette liste.

Je n'ai pas le temps de parler des soit disant avancées sociales. Les évènements de Gafsa sont là pour nous montrer ce qu'il en est.

 

On peut aussi s'interroger sur les retards pris par les rapports de l'ONU ou sur le refus d'accepter des observateurs de l'UE lors des récentes élections.

 

Les faits sont là. Ils sont de plus en plus dénoncés par les journaux de nos pays. La Tunisie doit tenir ses engagements en matière de démocratie et de droits de l'Homme comme en matière d'économie dans le cadre des accords actuels. La Commission et le Conseil doivent entendre les voix de la société civile et refuser tout début de négociation d'un statut avancé dans une telle situation.

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